Toulhoat

vendredi 25 août 2017

Jatte ou jardinière ?

Peu importe...
Les pièces de Jean Pierre Millot sont relativement rares (l'artiste n'a passé que trois années à la manufacture...) et je n'ai donc pas hésité longtemps avant de faire entrer celle-ci dans ma collection.
Grès, années 60'.



Cette pièce est à rapprocher d'une grande chevrette présentée précédemment sur le blog, chevrette qui présente un décor, des couleurs ainsi qu'une signature absolument similaires.





Peu courant...

Cet imposant "plateau TV" présente quelques défauts (bulles et léger fel de cuisson) mais reste une pièce intéressante. Ses dimensions sont imposantes (32 x 32) et son poids non négligeable.
Ce plateau est recouvert d'un bel émail vogue.
Grès, années 70'.



Zoomorphe...

Intéressant flacon décoré par Yvain. 
Ce modèle a peut-être été créé par Toulhoat ...
Faïence, annés 50'




P.Y. pour Paul Yvin dit Yvain.


mercredi 23 août 2017

Chanceux ?

C'est ce que je me suis dit quand j'ai trouvé ce petit cendrier !
Un modelage de Friedrich Van Diepen !
Cet artiste qui fit un passage éclair à Quimper et réalisa quelques pièces chez Kéraluc en 1951.
Hormis la grande coupe présentée précédemment sur le blog, je ne connais pas d'autre pièce de ce genre alors, je me suis dit que oui, j'étais un peu chanceux !




La signature n'étant pas très lisible (1ère photo), j'ai profité des possibilités offertes par l'informatique pour la mettre un peu plus en évidence sur la seconde photo. En haut à droite, on peut même lire le prix de vente de 600frs de l'époque...



A crédit ?

Pas besoin de crédit pour acheter ce cendrier produit pour la 
CAISSE RÉGIONALE DE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL !

La production d'objets publicitaires ou commémoratifs semble avoir été relativement importante pour la jeune manufacture.
Faïence, années 50'.



Noir-argent...

C'est ainsi que les artistes appelaient ce bel émail noir satiné...
Yvain a décoré ce beau pichet ventru de deux médaillons à décor floral de façon à créer un contraste intéressant avec la couverte noir satinée.
Faïence, années 50.



Yvain a gravé sa signature dans l'émail.



mardi 1 août 2017

André L'HELGUEN.


André L’helguen s’en est allé…

Il y a trois ans, je m’étais mis en tête de retrouver André L’helguen, cet artiste au style si particulier qui travailla durant toute sa carrière chez Keraluc.

D’ailleurs, eut-il pu travailler ailleurs que dans cette formidable pépinière d’artistes ?

Lui, le bigouden de Landudec qui suivit les cours de quelques grands maîtres de l’école des Beaux Arts de Quimper, m’ouvrit sa porte un jour de juillet 2014 après avoir retrouvé son adresse grâce au net… J’usai d’abord du téléphone pour un premier contact… Tout surpris d’entendre un inconnu lui demander de bien vouloir lui raconter son épopée Keraluc, il y eut d’abord une franche réticence de sa part puis, devant mon insistance, il accepta de lâcher quelques mots pour me dire que je pouvais repasser le lendemain !...

Je me précipitai donc le lendemain à Landudec pour rencontrer André L’helguen !
« Venez en fin d’après-midi » m’avait-il dit, « Je fais ma sieste puis une promenade, si je ne suis pas rentré, vous attendrez… «
Aux environs de 16h30, je tapais à la porte d’une petite maison au bord de la grand route menant à Plozevet. Après quelques minutes d’attente, un petit papy vint m’ouvrir… Casquette vissée sur la tête, en jean et en veste, le personnage m’écouta me présenter avec un regard méfiant… J’eus le droit, pour cette première visite, de faire quelques pas à l’entrée de la maison !
Face à ma demande, il m’expliqua alors que Keraluc c’était fini et qu’il ne souhaitait plus en parler…
C’était plutôt mal parti… J’allais devoir batailler pour tirer quelques mots du personnage !
Dans cette pièce, il y avait un vieux meuble sur lequel étaient posées trois poteries. Lui montrant les pièces, je lui expliquai que j’étais collectionneur et que je possédais un bel ensemble… Je lui demandai alors s’il voulait bien jeter un coup d’œil sur les pièces de ma collection. Je sortis alors un catalogue papier que j’avais préparé et là, je vis son regard s’illuminer à la vue des nombreuses photos ! Il avait compris que je m’intéressais à son œuvre et il accepta alors de me raconter sa vie de céramiste.
Ses débuts à la banquette comme  peinteur puis l’Algérie, le statut d’indépendant à son retour, le travailleur acharné qu’il était, les modelages, Yvain, Pol Lucas, Mme Chauveau, les émaux, les décors, sa 2cv, la fin de Keraluc… Je me demandais parfois s’il allait s’arrêter mais je  sentais la passion dans chacune de ses phrases !
Avant de le quitter, je lui demandai s’il voulait bien que je le prenne en photo, ce qu’il accepta bien volontiers !

J’allais lui rendre visite deux fois par été… Lors de notre avant-dernière rencontre, il me fit entrer dans sa cuisine et m’invita à m’installer à table après m’avoir offert une chaise branlante… J’avais cru comprendre mais ce jour-là, j’en eu la certitude, qu’André L’helguen vivait un peu comme un ermite, dans le dénuement total ! Il vivait dans la maison qui l’avait vu naître et j’ai bien l’impression que la demeure n’avait pas changé en quatre-vingts ans…
L’homme n’était pas sans le sou, bien au contraire ! Il avait même bien gagné sa vie avec Keraluc… Ses décors si caractéristiques avaient longtemps eu la faveur du public ! Mais l’argent ne l’intéressait guère et il vivait chichement, se contentant de plaisirs simples. Il adorait se balader dans la campagne avec son copain fermier, il aimait la télévision et raffolait du Tour de France !

Ce jour là, j’avais amené ma tablette ! Fasciné par le défilement des images, il se dépêcha de chausser ses lunettes afin de poser lui-même ses doigts fébriles sur cet écran magique qui lui permettait de faire défiler les photos de pièces qu’il avait réalisées tout au long de sa carrière !

Lors de ma dernière visite, son état de santé s’était déjà dégradé et un premier séjour à l’hôpital de Douarnenez ne l’avait guère rassuré… Il m’ouvrit la porte de sa chambre : une commode, un lit et une table meublaient cette pièce monacale… Il souhaitait me montrer trois autres pièces disposées sur le petit meuble. A part cela, rien d’autre dans cette chambre triste, rien, sauf deux livres posés sur la table : Le livre d’Antoine Lucas sur la céramique artistique de Quimper et le catalogue de l’exposition  Keraluc au musée départemental breton !

Il avait consacré sa vie à la céramique et il n’avait pas fait son deuil de la disparition de Keraluc… Il m’avait aussi fait comprendre à demi-mots, qu’il avait un peu de peine en constatant qu’il n’avait pas la même considération que d’autres artistes de la Manufacture…

Quand j’ai voulu le rencontrer une dernière fois en août 2016, il était de nouveau parti à Douarnenez… Je ne savais pas que je ne le reverrais plus…

Au cours de ces nombreuses années passées chez Keraluc, André L’helguen sût développer son propre style. Qu’on l’aime ou non, il ne laisse pas indifférent…
 André L’helguen était un grand artiste, un véritable passionné…

Il s’est éteint le 3 juin 2017 et repose au cimetière de Landudec.